II.05.06 RS parents : Reformuler les “NON“ en Oui : Comment donner un cadre à son enfant de façon positive ?

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Voici quatre façons de ne pas dire à votre enfant proposées par Nathalie de Boisgrolier. Pourquoi ne pas dire non ? 

Au moment des premières expériences et de l’autonomie, le non est vécu comme une agression. Y a-t-il des solutions pour donner un cadre à son enfant de façon positive ?

 

Comprendre ce que le « non » produit chez un jeune enfant

 

Pour les enfants entre 18 et 24 mois, et pour certain un peu plus âgés, il est difficile d’échapper à une « phase du non ». Et pourtant, il est possible de traverser cette phase avec plus de facilité et moins de tension qu’on ne le croit parfois. Evidemment, cette « phase du non » a quelque chose à voir avec les « non » que nous prononçons régulièrement à notre enfant. Sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, notre enfant nous imite ; c’est même sa principale source d’apprentissage.

Si je vous demande de ne pas penser à un éléphant rose à petits pois. Il y a de grandes chances pour que vous l’ayez vu dans votre tête. Les scientifiques disent que notre cerveau ne perçoit pas le négatif. C’est ce qui explique qu’à peine vous avez dit à votre enfant de ne pas jouer avec la terre du bac à fleur… il a les mains dedans avec joie. De même, vous n’avez pas fini votre phrase « ne fais pas ça ; tu vas tomber » que la chute se produit. Le « non » est même vécu par l’enfant comme une agression qui touche son être plutôt que l’action que vous visez.

Et pourtant, nous avons besoins de protéger notre enfant, de lui enseigner les dangers qui l’entourent. Nous avons besoin de le rendre autonome face à l’environnement Pour ne prendre qu’un exemple, traverser la rue demande de connaître des règles précises et représente un vrai danger de mort si elles ne sont pas respectées. Or le cerveau d’un enfant ne lui permet pas de percevoir ces dangers. Il est donc nécessaire d’intervenir. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a des façons d’intervenir qui atteignent le même résultat sans provoquer ce sentiment d’agression.

 

Premières astuces pour trouver d’autres réactions que « non »

 

Plusieurs astuces pour éviter de dire non à votre enfant tout en l’aidant à faire attention à lui et à savoir écouter une consigne.

  • Dire plutôt « stop »
  • Détourner l’attention
  • Accepter les « je te déteste », « je t’aime plus » qu’il pourrait vous dire s’il s’est senti agressé, ou s’il cherche à vous tester

Plus loin et plus efficace, cela va vous surprendre, je vous invite à dire « oui ».

  • Oui, quand la chambre sera rangée. Oui après le diner
  • Oui tu pourras aller jouer dès que tu…
  • Oui ; finis ton yaourt ; et après tu auras une compote

Attention : vous remarquez qu’il ne s’agit pas de dire « oui, si tu fais ceci… » ; il s’agit de dire « oui, quand… ». L’autorisation sous condition est limitante, elle freine, surtout à cet âge. L’autorisation qui se projette vers l’avenir est une ouverture, un encouragement. Votre enfant a bien plus besoin d’être rassuré et encouragé. De cette façon, vous lui donnez de l’énergie, vous lui transmettez l’envie d’aller de l’avant. Quel précieux cadeau vous lui faite. Et en même temps, vous n’oubliez pas votre besoin qui est de ne pas avoir trois desserts entamés ou de ne pas ranger sa chambre derrière lui !

Dans cette gestion du temps, il existe une autre piste. Très souvent, nous répondons aux attentes ou aux besoins de nos enfants à la seconde. Il nous arrive parfois même d’anticiper leur demande. Je vous propose plutôt de laisser le temps ne pas répondre tout de suite et de dire simplement :

  • Laisse-moi 5 minutes avant de te donner ma réponse.
  • Je réfléchis 5 minutes.

Et ce n’est pas du tout incompatible avec les explications précédentes sur l’encouragement. Là encore, vous regardez vers l’avenir ; vous vous engagez à répondre (et il faudra tenir cet engagement). Qu’est-ce que cela permet ?

  • De vous demander ce que vous souhaitez vraiment lui répondre, en prenant un peu de distance par rapport à vos émotions immédiates, à vos besoins et celui de votre enfant
  • De laisser l’enfant réaliser que ce n’est peut-être pas un vrai besoin, lui permettre de trouver une autre solution par lui-même pour répondre à son besoin
  • De lui apprendre à différer sa demande et à patienter

Sur le (long) chemin de l’autonomie ; apprendre à votre enfant à trouver d’autres mots, d’autres attitudes

 

Rendre votre enfant autonome et responsable, c’est lui apprendre à construire ses réponses. En voici quelques phrases clés pour lui donner cet espace :

 

Non, on ne dit pas ça                                                         Tu sais le dire avec d’autre mots

 

Non, on ne tape pas                                                        Tu peux faire doucement, merci

                                                                                               Tu peux faire une demande

                                                                                               Tu peux le dire simplement

                                                                                               As-tu demandé à Arthur ?

Non, ne court pas                                                             Fais doucement

                                                                                               Merci de faire attention

                                                                                               Le trottoir est glissant aujourd’hui ; je fais attention, je pourrais tomber

 

 

Redonner la fonction de l’objet

 

Votre enfant fait rouler sa petite voiture sur les murs du salon, sur la commode. Au lieu de lui dire :

  • non arrête avec ta voiture
  • Cela fais 10 fois que je te dis de je pas jouer avec ta voiture
  • Bon comme tu n’écoutes pas, je te confisque la voiture

Dites plutôt :

  • La petite voiture aime jouer par terre
  • Les petites voitures ont des roues qui roulent très bien dans le garage ou sur ton tapis avec des routes.

 

Une autre difficulté peut se glisser : votre enfant a très certainement autre chose en tête. Pour beaucoup de raisons (de temps, de respecter ses pensées et ses envies, de la grande difficulté pour lui de l’exprimer…), il est rarement question de comprendre cet « autre chose ». C’est là où il peut être efficace de combiner les astuces et détourner son attention.

  • « La chaise est faite pour s’asseoir. Maintenant, veux-tu m’aider à préparer le repas ? »
  • « Le ballon, c’est un jeu du dehors. Et dis-moi si Tobie le chien a de l’eau dans sa gamelle. »

Enfin, n’oubliez pas qu’apprendre à dire « non » peut être vital pour votre enfant. Face à une adulte abusif, face à un copain qui l’entraine sur des chemins dangereux… Accueillez cet apprentissage aussi ;-)

 

Et si ces pistes de parent bienveillant vous ont intéressées, découvrez une action collective qui va dans le même sens : www.lemanifesteheureuxalecole.fr qui vient d'être lancé le 11 octobre.

 

Nathalie de Boisgrolier