5. Plastique et santé : un duo non-gagnant !

Au-delà de son impact environnemental, le plastique pose des problèmes sanitaires qui sont bien souvent méconnus des consommateurs car ce matériau présente des risques pour la santé humaine, depuis sa production jusqu'à sa mise au rebut.



1/ La production du plastique

Cette première étape du cycle de vie du plastique se décompose en deux parties : l’extraction de matières premières (pétrole, gaz, charbon) puis la transformation de ces matières en plastique.

Cette première phase, que le consommateur ne soupçonne pas, est extrêmement polluante : des substances chimiques et toxiques sont libérées dans l’atmosphère et peuvent contaminer les nappes phréatiques et les sols. Ces substances toxiques sont souvent cancérigènes. De plus, durant la phase de transformation du plastique, les accidents sont nombreux : incendies industriels, explosions, rejets chimiques… L’un des leaders de la pétrochimie et de la production de plastique en Europe, INEOS, a ainsi à son actif plusieurs dizaines d’accidents en Europe, dans des usines situées en Allemagne, en Belgique, en Écosse, mais aussi en France ! Par exemple, en 2017, leur raffinerie à Grangemouth, en Écosse, a accidentellement libéré dans l’atmosphère 370 kg de tétrachloroéthylène, un composé toxique et polluant.

2/ L’utilisation et la consommation

Durant la phase de production, de nombreux additifs sont ajoutés au matériau plastique, pour le finaliser. Ces additifs ont pour but de l'améliorer et de lui apporter certaines caractéristiques : couleur ou transparence, souplesse ou rigidité, imperméabilité à la lumière ou à l’oxygène, retardateurs de flammes, etc. Sur les 4 000 produits chimiques que l’ONG ChemTrust identifie comme potentiellement présents dans les emballages plastiques et/ou utilisés durant la phase de production, au moins 148 ont été reconnus comme dangereux pour la santé humaine et pour l’environnement.



Ces additifs sont donc très souvent toxiques et ne sont pas bien fixés au matériau plastique initial : ils se détachent très facilement et se retrouvent ensuite dans l’air que nous respirons comme dans les produits que nous consommons et l’eau que nous buvons.

Ainsi, l’utilisation d’un produit plastique ou d’un produit sous emballage plastique entraîne l’ingestion (lorsqu’il s’agit d’un produit consommable) ou l’inhalation de microparticules de plastiques et des additifs chimiques et toxiques associés. Cette contamination peut également se faire par contact direct avec la peau, par exemple avec les protections menstruelles. Le manque d’études scientifiques ne permet pas d’évaluer l’effet cocktail de toutes ces substances associées, ainsi que les risques posés par une exposition prolongée.

3/ Le traitement du déchet

A la fin de sa vie, le déchet plastique est soit incinéré, soit mis en décharge, soit recyclé. **Entre 1950 et 2015, 79 % des déchets plastiques ont été mis en décharge ou dispersés dans la nature, 12 % ont été incinérés et 9 % seulement ont été recyclés. **

→ L’incinération du plastique libère des substances toxiques dans l’environnement proche, telles que le cadmium, le plomb ou le mercure. En France, les usines d’incinération permettent d’éliminer une partie seulement de cette pollution, ce qui n’est pas le cas de certains Etats en développement, dans lesquels l’incinération se fait souvent en plein air et provoque maladies respiratoires, cancers, affaiblissement du système immunitaire, impacts sur le système reproducteur (stérilité, fausses couches à répétition pour les femmes…).

→ Dans le monde, seulement 9 % des déchets plastiques ont été recyclés depuis 1950. Mais même le recyclage du plastique pose des problématiques de santé publique : la présence d’additifs cités plus haut empêche parfois un recyclage efficace. De plus, pour développer la filière du recyclage, certaines substances interdites par l’Union Européenne dans les objets neufs sont autorisés dans les objets recyclés à partir de plastique. L’étude “Recyclage toxique : quand des déchets dangereux sont utilisés pour fabriquer de nouveaux produits” menée par plusieurs organisations européennes ont montré que 25 % des produits de consommation courante en Europe contenaient des taux élevés de perturbateurs endocriniens, les retardateurs de flammes. Parmi les objets analysés, se trouvent notamment des ustensiles de cuisine ou encore des jouets pour enfants, ce qui indique que ces substances sont soit ingérées (migration de l’ustensile aux aliments durant l’utilisation culinaire) soit inhalées par des publics vulnérables (nourrissons, enfants).

→ Lorsque les déchets plastiques sont mis en décharge ou dispersés dans la nature, ceux-ci se décomposent alors en microparticules de plastique et peuvent facilement se retrouver dans les fleuves puis dans les océans. Les microparticules de plastiques peuvent également provenir de certains de nos vêtements lorsqu’ils sont lavés (notamment ceux en matières synthétiques type polyester), des pneus se frottant contre la chaussée, des produits cosmétiques, etc. Ils se retrouvent ensuite dans l’eau que nous buvons ou encore dans certains animaux que nous consommons (notamment les fruits de mer). L’étude d’Orb Media montre ainsi que des microparticules de plastique sont présentes dans 81 % des échantillons d’eau du robinet analysés et dans 93 % des échantillons d’eau en bouteille analysés, avec en moyenne deux fois plus de microparticules présentes dans l’eau en bouteille que dans l’eau du robinet. Cette omniprésence du plastique dans l’environnement présente un danger sanitaire pour l’homme car le plastique s’infiltre dans le corps humain, par ingestion, inhalation ou contact direct (avec la peau notamment). De plus en plus de microfibres et microparticules sont retrouvées dans les tissus humains et le système sanguin.

Si les risques sanitaires liés au plastique sont une réalité en France, tout au long de son cycle de vie, il est important de se rappeler que la majeure partie de cet impact est “délocalisé” ailleurs. Ainsi, les installations extrêmement polluantes nécessaires à la transformation du plastique puis à son traitement en tant que déchet sont très souvent placées à proximité des quartiers populaires. Quant aux plastiques difficilement recyclables, notamment à cause de leur teneur élevée en contaminants, ils sont souvent envoyés dans les pays en développement qui ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour les traiter correctement. Ils finissent donc souvent enfouis, empilés dans des décharges ou encore incinérés à l’air libre, avec des conséquences désastreuses sur la santé des populations locales (1).

4 / Comment minimiser l’impact du plastique sur la santé ?

→ Privilégier les alternatives saines et réutilisables (verre, bois, inox)

→ Eviter tout contact entre le plastique et les aliments

→ Privilégier l’eau du robinet à l’eau en bouteille

→ Eviter le plastique avec les numéros 1, 3, 6 et 7.

→ Eviter de chauffer ses contenants en plastique

→ Dire adieu aux lingettes jetables, composées de plastique et imbibées de produits chimiques

→ Interroger ses élus locaux sur leurs actions en la matière et leur transmettre le guide “3 mesures pour supprimer le plastique à usage unique dans les collectivités locales”.

FOCUS - Les perturbateurs endocriniens

Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme, qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou ses descendants. Un perturbateur endocrinien va imiter l’action d’une hormone naturelle et modifier le signal hormonal.

Ceux-ci affectent la fertilité et la reproduction (infertilité, hausse du risque d’endométriose chez les femmes…), ils augmentent les risques de cancers (cancer du sein, prostate, testicules) et ont pour conséquence des atteintes neurologiques (autisme, baisse du QI, troubles métaboliques comme le diabète ou l’obésité…). Les effets peuvent se transmettre de générations en générations (par exemple : une femme enceinte au foetus ou encore une femme allaitante au nourrisson).

De nombreux plastiques possèdent des perturbateurs endocriniens :

  • le PET, utilisé pour les bouteilles, les emballages, les sacs de cuisson
  • le PVC, utilisé pour les jouets, les couches, certains vêtements
  • le polystyrène, utilisé pour les emballages
  • le PC, utilisé dans les biberons, les boîtes de conserve, les récipients pour micro-ondes ou encore le petit électroménager.
Certains perturbateurs endocriniens, tels que le Bisphénol A, ont été interdits dans plusieurs pays, notamment en France, en 2015. Néanmoins, en 2016, une étude de l’Association Santé environnement France avait démontré que ce perturbateur endocrinien était toujours présent dans plusieurs emballages. Dans de nombreux cas, le Bisphénol A a été remplacé par du Bisphénol F ou S. La même association a alerté sur la nocivité de ses substituts et récemment, une étude publiée dans la revue Environmental Health Perspectives a révélé le danger que représente le Bisphénol S pour l’organisme.

Pour aller plus loin :

- Article Zero Waste France "un rapport alerte sur les effets nocifs du plastique sur la santé tout au long de son cycle de vie"

- Mémo de Cantines sans plastique

(1) Voir à ce sujet le résumé du rapport “Déchets : les communautés en première ligne de la crise mondiale du plastique” publié par le Global Alliance for Incinerator Alternatives (GAIA) en mai 2019
Iii105PlastiqueEtSanteUnDuoNonGagnan (LMS Activité), écrite par YannLeBeguec
créée le 16.12.2019 à 11:54, mise à jour le 02.06.2021 à 15:18