Table des matières

5. La non violence, indépassable ?

Alors, violence ou non violence ?

Cette polémique existe depuis bien longtemps dans les milieux militants. Si Erica Chenoweth et Maria Stephan, auxquelles nous faisions référence en début de module, montrent par leurs travaux que la non-violence est plus efficace, d'autres auteurs entendent prouver le contraire. L'anarchiste américain Peter Gelderloos va jusqu'à dire que "la non-violence protège l’État" (1). Pour Célia Grincourt, dans son podcast "La force de la non-violence", c'est au contraire la violence qui sert l’État (2)... Autre passe d'armes, ou de plumes, sur Reporterre en 2016, entre Juliette Rousseau (3) et Jean-Marie Muller (4), sur la possibilité d'une complémentarité des différentes formes de lutte et la nature même de la non-violence : à la fois un idéal et une stratégie...

Dans son livre "Comment saboter un pipeline" (5), Andrea Malm questionne le dogme du mouvement climat : la non violence absolue. Pourquoi, face à la menace climatique, peut-être la plus importante de tous les temps, qui touche l’humanité toute entière, ne nous laissons-nous pas toutes les cartes en main dans la lutte ?

Isabelle Cambourakis, dans sa recension de cet essai, intitulée "Sommes-nous trop sages devant la catastrophe ?"(6), veut aller plus loin. Pour elle, le récit de Malm invisibilise certaines luttes, notamment écoféministes qui, depuis les années 1970, contribuent à complexifier les termes souvent binaires du débat violence/non-violence.

Un vaste débat donc ! que nous souhaitons alimenter avec cet entretien, réalisé en 2015, entre Pierre Rabhi, inspirateur du Mouvement Colibris, et Paul Watson, fondateur de l'ONG Sea Shepherd. Les deux hommes échangent sur leurs approches, leur vision, avec la grande question que sous-tendent leurs deux mouvements : tenter d'éteindre le feu ou bien neutraliser les pyromanes... Comme dans la nature, la diversité des approches est une richesse.


Cette rencontre fait suite à une conférence organisée par Colibris : "une histoire de violence". Partant du postulat que la violence de la société est le reflet d'une violence qui existe à l'intérieur de chaque individu, quatre personnalités livraient quatre récits, quatre points de vue sur les différentes formes de violences, leurs origines et les leviers de résilience : outre Pierre Rabhi et Paul Watson, nous accueillions Nancy Huston, essayiste et romancière, et Thomas d'Ansembourg, psychothérapeute et écrivain.
Si des débats existent sur la notion de violence ou de non violence dans les actions de désobéissance, ce sur quoi nous sommes toutes et tous d'accord c'est la nécessité d'agir !

Notes


(1) Comment la non-violence protège l’État, de Peter Gelderloos, Éditions Libre, 2018.
(2) Comment la violence sert l’État – une réponse aux partisans de Peter Gelderloos et de la « diversité des tactiques », Célia Grincourt, podcast La force de la non-violence, 2021.
(3) La non-violence doit accepter la pluralité des formes de lutte, de Juliette Rousseau, Reporterre, 2016.
(4) Le « non » de la non-violence est un « non » de résistance, de Jean-Marie Muller, Reporterre, 2016.
(5) Comment saboter un pipeline, d'Andreas Malm, La Fabrique Éditions, 2020.
(6) Sommes-nous trop sages devant la catastrophe ?, Isabelle Cambourakis, Terrestres, 2020.

Ressources complémentaires



Commentaires

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le 05.05.2022 à 04:39:32
Super cool cet échange entre ces deux personnalités !! Merci !
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le 09.05.2022 à 13:13:30
J'ai adoré cette conversation, extrêmement enrichissante. Merci !
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le 27.05.2022 à 10:38:48
Deux belles personnes. Merci